Un monde de ressources rares, Le cercle des économistes et Erik Orsenna (2007)
L’avant propos explique que malgré une croissante très importante (le livre date de 2007), les richesses crées ne sont pas forcément bien réparties : Orsenna explique pas exemple que l’Afrique est très riche (bcp de matières premières), mais que paradoxalement les Africains sont très pauvres, à cause surtout de 2 choses :
- Les dirigeants, corrompus, prennent des décisions dans l’urgence des négociations trop rapides ;
- dérégulation du marché trop importante, pas de transparence, et donc concurrence déséquilibrée.
Par ailleurs, plus assez de ressources pour tout le monde, il faut donc apprendre à vivre avec la RARETE (le but de l’économie étant justement de gérer la rareté).
PREMIERE PARTIE : AUJOURD’HUI LA RARETE
« L’économie n’est rien d’autre que l’identification et la gestion des raretés. Les raretés ont toujours existé mais, paradoxalement, la croissance et le développement en créent de nouvelles. L’économiste doit discerner et hiérarchiser les nouvelles formes de raretés liées à la croissance mondiale, et alerter le monde sur la nature et l’urgence des mesures à prendre. » (Erik Orsenna, Voyages au pays du coton)
1. L’ambition de l’économiste : lutter contre la rareté (p.25)
Rareté de l’eau, des ressources agro-alimentaires, de la santé, de l’environnement. 3 types de rareté :
- les nouvelles (eau, air : tout ce qui est lié à l’environnement)
- les anciennes (pétrole, gaz)
- les anciennes dont l’absence représente une perception nouvelle
nécessité de régulation, d’une nouvelle gouvernance pour 2050, pour donner une réponse collective aux problèmes de la planète, mais aussi responsabilités au niveau local.
Quel est le constat ? (p.28)
Pour résoudre le problème des raretés -> ajustement des prix -> inégalités -> redistribution : mais comment opérer une redistribution à l’échelle mondiale ? -> nécessité d’une gouvernance , de plus de régulation supranationale (et donc plus de transparence).
Il faut que la croissance continue mais en profitant à tout le monde.
Quatre principes (p.29)
- (a) principe d’urgence (voir 2e partie)
- (b) principe d’innovation (voir 3e partie)
- (c) principe de développement durable et équilibré (voir 4e partie)
- (d) principe d’une nouvelle gouvernance mondiale (voir 5e partie)
a. risque d’épuisement des ressources énergétiques, il faut agir maintenant. Pour l’agriculture : il faut plus de transparence et d’innovations.
b. la croissance passe par une augmentation des connaissances, qui luttent contre rareté (c’est leur but).
c. meilleure gestion des biens publics mondiaux avec collaboration public/privé.
d. G8=peu représentatif. Il faut élargir la concertation internationale.
2. Où sont les raretés ? (p. 33)
Pour identifier les raretés, il faut :
- prévoir l’évolution des prix relatifs des ressources rares ;
- éviter les désordres par des politiques préventives ;
- repérer les secteurs pénalisés par rareté.
Sept domaines prioritaires :
les matières premières : la croissance nécessite la consommation de matières premières (MP). Or cette conso ne peut pas continuer longtemps, étant donné qu’elle est réduite du fait de la faible conso d’énergie dans les pays encore émergeants, mais que ces pays de plus en plus nombreux vont consommer de plus en plus. Par exemple, en Chine, en 2006, 18 voitures pour 1000 habitants, contre 520 en UE et 770 aux USA. On prévoit une multiplication par 3 pour la Chine en 2016. Or le développement des énergies renouvelables et non polluantes n’est pas assez rapide comparé à l’augmentation de la conso.
l’eau : inégalités entre les pays, pb d’accès à l’eau en Afrique, en Chine, et dans certains pays d’Europe centrale. Eau potable de plus en plus rare.
l’alimentation : certaines productions n’augmentent plus (contrairement à ce qui se passait durant les 90’s), surface cultivable mondiale stagne, contrairement à la pop mondiale qui augmente de 1,2% pas an. Il faut compter aussi avec l’augmentation de l’urbanisation et de l’érosion.
les émissions polluantes : ex du CO2. En 2006, émissions de CO2 en Chine 70% supérieures à celles de l’UE, alors qu’aux USA la conso par habitant est 5 fois supérieure à celle de la Chine. En 2016, les émissions de la Chine seront multipliées par 4, or la Chine n’a aucune envie de faire des efforts ou de modifier sa politique économique.
l’épargne, le capital : pb de l’utilisation de l’épargne. Transferts du Japon et des pays émergeants vers USA alors que cette épargne « ne finance pas des investissements productifs mais des besoins de financements des ménages » (je cite parce que je n’ai pas vraiment compris le fond du pb…).
le travail, l’éducation, l’innovation : pénurie de travail qualifié, de recherche et d’innovation (faiblesse des dépenses de R&D). Main d’œuvre trop peu éduquée, progrès technique freiné (donc baisse de la capacité à produire de la croissance qui ne dépende pas d’une augmentation du volume de production).
les infrastructures publiques, la santé : « Une mauvaise situation sanitaire entraine une perte de croissance, de revenu ». Pb du niveau de vie. « Par ailleurs, le développement nécessite des infrastructures publiques suffisantes » : beaucoup d’inégalités à ce niveau.
On doit s’attendre à une hausse :
- des prix des MP ;
- des prix des permis d’émission de CO2 ;
- du prix de l’eau ;
- du coût du travail qualifié.
3.La rareté au cœur de la nouvelle croissance mondiale (p.43)
La rareté est la raison d'être de l'économie puisque s'il n'y avait aucun pb de quantités, il n'y aurait aucun question à se poser (« quoi comment pour qui »).
Les Etats sont en concurrence pour l'accès aux ressources: il faut mettre en place des institutions capables de gerer ces ressources et leur accès. Il faut une action intérieure et internationale.
Remarque: biens libres/biens pubics=biens non marchands (en tout cas pas encore), comme l'air ou l'eau.
Préservation des sols, de l'eau: nécessité du dvt durable.
La dimension Nord/Sud est par ailleurs à prendre en compte puisque facteurs socio-économiques internes peuvent jouer (un pays mal gouverné ne peut pas bien gérer ses ressources).
« Il est urgent que les pays industrialisés réalisent que la relation entre les riches et les pauvres, et la gestion de l'aide dépassent de loin le seul impératif de solidarité et conditionnent l'efficacité d'une gestion collective de la rareté dans ses différentes formes. » (p.52)